Par Mathieu Saint-Jean
C’est mardi dernier que le Britannique Graham Coxon faisait paraître son huitième effort solo A+E (Parlophone). Guitariste et peintre inventif, il n’a malheureusement jamais reçu toute la reconnaissance qu’il méritait (du moins en Amérique). Afin de remédier à cette fâcheuse situation, revenons sur certaines de ses compositions qui viendront démontrer que Coxon n’a vraiment rien à envier aux mille et un projet de son comparse Damon Albarn.
You’re So Great
Blur (Food, 1997) est le premier album de sa célèbre formation où l’on peut l’entendre sur une pièce en tant que chanteur principal. L’album marque aussi un détachement face au mouvement Britpop qui commence tranquillement à s’essouffler. C’est Coxon, lui-même, qui incitera ses collègues à se tourner vers des sonorités dites plus lo-fi. Des nouvelles inspirations qui peuvent s’entendre (et se déguster) sur ce magnifique morceau introspectif.
That’s All I Wanna Do
Ayant suffisamment de matériel banque, en 1998, le guitariste décide de lancer un premier album solo The Sky Is Too High (Transcopic, 1998). Contrairement aux inspirations relativement rock qu’il avait infusé à sa formation un an plus tôt, l’album se veut très doux et dépouillé. Une approche qui laisse entrevoir son admiration pour le travail de Syd Barrett et Robyn Hitchcock. Avertissement: That’s All I Wanna Do n’est pas vraiment représentative de l’album, mais demeure tout de même une chanson extrêmement accrocheuse!
Coffee & TV
13 (Food, 1999) vient confirmer ce que plusieurs ne craignaient: le mouvement Britpop est bel et bien mort. Ayant toujours comme objectif premier de défricher de nouveaux sentiers sonores, le groupe décide de remercier le réalisateur Stephen Street, afin de travailler avec le bidouilleur électronique William Orbit. Alors que Albarn et Coxon se partagent le micro (avec une chorale) sur Tender, le deuxième simple tiré de 13 revient à cette composition du guitariste.
Battery In Your Leg
Pièce de clôture de Think Tank (Parlophone, 2003), Battery In You Leg constitue la seule apparition de Coxon sur cet album plutôt inégal et facilement oubliable. Gonflé par le succès de Gorillaz, Albarn prend de plus en plus de place en studio. Après seulement cinq jours en studio, il montre la porte à un Coxon fraîchement sorti d’une cure de désintoxication. Au final, ce titre déchirant se retrouve perdu parmi des compostions insipides et sans âme.
Bittersweet Bundle of Misery
En 2004, Coxon revient à ses vieilles amours et sort Happiness in Magazines chez Parlophone. Cet album qui marquait son retour en studio avec le réalisateur Stephen Street demeure, à ce jour, son plus grand succès commercial en solo. On peut y entendre un auteur-compositeur enjoué et énergique. Le travail du guitariste y est fortement inspiré par des artistes issus du mouvement post-punk britannique (The Buzzcocks, Magazine, Tha Fall, The Chameleons…)
What’ll It Take
Après avoir appuyé Pete Doherty en studio sur Grace/Wastelands (EMI ,2009) et avoir enregistré le très doux The Spinning Top (Parlophone, 2009), Coxon nous surprenait encore la semaine dernière avec un album aux sonorités électro/no wave. Quelques écoutes plus tard, on se dit qu’il pourrait peut-être s’agir de sa parution la plus aboutie à ce jour. Alors, à quoi bon se priver?