Parce que faire un palmarès de fin d’année implique toujours de laisser de côté certains albums qui auraient mérité plus de visibilité, voici une liste d’albums qui n’ont pas fait le top 25 mais qui méritent votre attention. Maintenant.
par Émile Lavoie
The Caretaker – An Empty Bliss Beyond This World [Haft Records]
The Caretaker, c’est l’un des multiples projets du très talentueux Leyland Kirby. Avec An Empty Bliss Beyond This World, ce dernier propose un album concept unique où la mémoire et les souvenirs sont mis de l’avant. Réarrangant et remixant des segments de vinyles des années 20 et 30, Kirby offre une expérience hautement nostalgique qui reflète les recherches du compositeur sur la maladie d’Alzheimer. An Empty Bliss Beyond This World est non seulement l’un des projets musicaux les plus intéressants de l’année, c’est l’un de mes albums préférés à vie.
The Caretaker – All You Are Going to Want to do is Get Back There
Death In Vegas – Trans-Love Energies [Portobello]
Trans-Love Energies est dur à décrire. On pourrait appeler ça du shoegaze ou du post-punk électronique, mais la musique de Death In Vegas s’explique beaucoup mieux d’elle-même que par les mots. D’un début d’album entièrement électrique suivent quelques pistes plus dance, voir disco, puis on tombe dans le new wave et ce, sans toutefois sentir un manque d’homogénéité. Avec un travail de production extrêmement intéressant où les voix, les guitares et les synthétiseurs se perdent et se volent la vedette, Trans-Love Energies est définitivement l’une des écoutes les plus intéressantes de l’année.
Robag Wruhme – Thora Vukk [Pampa Records]
On m’a récemment dit que la musique de Thora Vukk n’était pas du house, mais bien du german blues. Cette appellation, je trouve, décrit parfaitement le travail de Robag Wruhme, qui reste extrêmement esthétique et maniéré, à l’instar des pistes beaucoup plus dancefloor-oriented qu’il composait sous le pseudonyme Wignomy Brothers, mais qui contient aussi une importante charge émotive. Alors que certaines pistes sont essentiellement portées par les percussions judicieusement choisies par l’artiste, d’autres n’en contiennent presque aucune et c’est cette balance, cet équilibre presque parfait, qui nous berce du début à la fin l’album.
Moonface – Organ Music Not Vibraphone Like I’d Hoped [Jagjaguwar]
Bon, vous allez me dire que l’album ne contient que cinq pistes. Oui, mais sa durée est de 38 minutes, soit une minute de moins que notre grand gagnant de 2011, et à l’inverse de ce dernier, les pistes proposées par Spencer Krug trouvent leur sens non dans l’instantanéité de leur beauté, mais grâce à leur progression, leur finalisation latente. Organ Music, c’est aussi une expérimentation électronique approfondie par Krug, qui démontre une grande connaissance des synthétiseurs et des drums machines, alors que le son de la guitare et du tambour lui son généralement associés. Un must.
Moonface – Return to the Violence of the Ocean Floor
Tim Hecker – Ravedeath 1972 / Dropped Pianos [Kranky]
Ravedeath 1972 est sans nul doute l’album ambient de l’année. Basé principalement sur un enregistrement live d’orgue d’église en Islande, la force du disque se trouve principalement dans la lourdeur de ses sons et l’intensité émotive que ceux-ci dégagent, l’album ayant été construit autour du thème de la mort. Le travail fait au son est aussi impeccable. Dropped Pianos, quant à lui, reprend la plupart des sonorités présentes sur Ravedeath, mais y rajoute une couche mélodique composée de plusieurs pianos. Deux chefs-d’oeuvres à savourer.
Je ne peux que plussuner sur le 1er et le dernier disque de la liste. De toutes façons, Tim Hecker, pour lui trouver un disque ne serait ce que moyen, faut se lever tôt quand même…