Par Mathieu Saint-Jean
Ceci n’est pas une critique. Ceci est un incitatif. Ceci est un incitatif, afin de vous obliger à vous déplacer. Vous déplacer d’ici jeudi soir dans le but d’aller voir et entendre l’histoire d’un des groupes rock les plus marquants des vingt dernières années. Le tout guidé par la lentille et la narration du cinéaste, mais avant tout mélomane : Cameron Crowe.
Aucune autre personne n’aurait pu s’approprier ce projet. Cameron Crowe était la personne la mieux placée pour transposer cette histoire au grand écran. Ancien journaliste du magazine Rolling Stone (ce qui allait inspirer son Almost Famous), il s’installe à Seattle à la fin des années 80. C’est de cet endroit qu’il sera témoin de la naissance du mouvement grunge. Un évènement qui lui inspirera le film Singles. Un film qu’il aura complété début 1991, mais que le studio gardera sous clés jusqu’en septembre 1992. Ne sachant comment exploiter la thématique. Et puis, il y aura un raz-de-marée sur tous les palmarès. Seattle et sa scène musicale se retrouveront sur toutes les lèvres. Le studio comprendra enfin ce que Crowe avait en tête. Avec Pearl Jam Twenty, il vient donc boucler cette aventure musicale entamée il y plus de vingt ans; entre autre avec les membres de Pearl Jam (qui jouaient un petit caméo dans Singles avant même d’avoir lancé Ten).
Disposant de plus de 1200 heures d’images (de toutes les qualités), Crowe semble s’être donné comme mission de propager l’amour et l’admiration qu’il porte face à la bande d’Eddie Vedder. Une bande qui aura survécu à plusieurs évènements sombres au cours des vingt dernières années. De la mort d’Andrew Wood (Mother Love Bone) d’une surdose d’héroïne en 1990, jusqu’à la tragédie du festival Roskilde au Danemark en 2000 (où neufs fans furent piétinés à mort). Ce qui justifie ce montage final de Crowe qui défile au rythme de Alive.
Pearl Jam Twenty nous permet de pénétrer dans l’univers d’un groupe qui a toujours refusé de jouer le jeu des médias. Un groupe qui a toujours gardé une mainmise sur son image. Un groupe qui a toujours fait les choses à sa façon. Des choix qui pouvaient éveillés des doutes à l’époque, mais qui se seront montrés payants des années plus tard. D’où aussi cette relation si vraie qu’ils entretiennent depuis des années avec Neil Young. Monsieur Intégrité en personne. Si ce n’est déjà fait, vous devez absolument vous procurer leur collaboration sur album avec Mirror Ball (1995) et l’influence qu’il en découlera sur l’album suivant du groupe No Code (1996).
Un documentaire essentiel pour tous les fans de musique et d’archives vidéo. Un brillant travail de recherches! Si vous désirez en connaître davantage sur Eddie Vedder, je vous suggère aussi de mettre la main sur une émission de l’excellente série Iconoclasts (présentée au Sundance Channel), qui présente une rencontre entre Vedder et le surfer professionnel Laird Hamilton. Sinon, pour les autres, Cameron Crowe devrait présenter son prochain film We Bought a Zoo pour Noël. Un film dont la partie musicale aura été confiée à Jónsi (Sigur Ròs).
Pearl Jam Twenty présenté en exclusivité au Cinéma du Parc jusqu’à jeudi…