Zola Jesus
Conatus
Sacred Bones Records
États-Unis
Note : 8/10
La chanteuse Nika Rosa Danilova n’a plus envie de se faire prier. Pour son troisième disque, la jeune Américaine laisse tomber les robes gothiques pour embrasser les décors noirs des pistes de danse semi-apocalyptiques.
À l’aide de sa lugubre plume et de son incroyable talent vocal, Nika Rosa Danilova s’est immiscée l’an dernier, dans les palmarès sous le nom de Zola Jesus. Son disque Stridulum II avait piqué l’oreille des curieux pour son style peu commun. Sur cet opus, Zola Jesus avait exploité les synthétiseurs et les machines à percussions pour en faire un son teinté de noir. Sans nécessairement réinventer le style gothique, Stridulum II a défini un nouveau sous-genre, le goth-electronic.
Sur Conatus (aller de l’avant en latin), Zola Jesus ne s’est pas arrêté sur une sonorité précise. Même si ce disque est aussi sombre que son prédécesseur, il se démarque pour sa profondeur musicale. Si Stridulum était une prière sur synthétiseur, Conatus est une symphonie électronique. Les échantillons instrumentaux, surtout ceux des batteries, malaxent musique et voix en un tout sombre et entraînant. De quoi faire danser de triste joie les dépressifs.
La fin du morceau Vessel en est un bel exemple. Pendant que la voix de Nika s’évapore, les percussions s’enchaînent l’une sur l’autre dans une conclusion fracassante digne de Portishead.
On sent que le dernier disque des Crystal Castles a influencé la conception de Conatus. Sans jamais se laisser tomber tête première dans l’abysse électronique trash, Zola Jesus glisse délicatement dans le genre, de façon à ne rien perdre de sa qualité vocale. La pièce Seekir démontre l’habileté avec laquelle la chanteuse s’est prise pour marier le style des Castles à sa voix.
Les éléments réussis de Stridulum II sont repris dans les pièces Skin et Lick the Palm of the Burning Handshake. Plus calmes, ces morceaux ont le mérite de mettre un peu de lumière dans la lourde noirceur de Conatus.
Avec ces pièces mieux travaillées, on sent que Nika Rosa Danilova va de l’avant et qu’elle alimente un nouveau genre musical. Son travail influence déjà l’univers musical. Cette année, on a pu entendre Austra, un nouveau groupe s’inscrivant comme fidèle disciple du goth-electronic.
Les amateurs déjà conquis par Zola Jesus le seront davantage après ce disque. Pour les autres, tout dépendra de leur volonté à se laisser tendre vers le côté obscur.
