Arctic Monkeys
Suck It and See
Domino Records
Royaume-Uni
Note : 6.5/10
Avec Suck It and See, disponible depuis mardi en magasin, les Arctic Monkeys sont de retour avec un quatrième album, produit par James Ford de Simian Mobile Disco (sa 3e collaboration avec Turner), qui semble concrétiser la nouvelle sonorité du groupe : plus pop, plus calme, précédemment établie par leur troisième album Humbug. Donc, oui, on retrouve les Arctic Monkeys vieillis, définitivement plus matures, mais est-ce vraiment pour le mieux ?
Bon, ne nous emportons tout de même pas. Suck It and See, dans son ensemble, demeure tout de même une écoute très agréable. De She’s Thunderstorm, la première pièce de l’album, une balade à la mélodie très appuyée, nous rappelant beaucoup les compositions d’Alex Turner pour l’excellent The Age Of The Understatment des Last Shadow Puppets, en passant par Library Pictures, une pièce beaucoup plus rock qui rappelle évidemment les origines du band, toutes les pièces de l’opus s’enchaînent avec plus d’aisance et de fluidité que jamais auparavant.
En fait, cette homogénéité est probablement la plus grande qualité de l’album. Bien que le groupe oscille entre les pièces plus intenses, telles que Brick By Brick, qui rappelle beaucoup le classic rock anglais des années 60, et les balades très lyriques, aux onomatopées surabondantes (suffit de penser à The Hellcat Spangled Shalalala, la quatrième pièce de l’album), chaque morceau semble s’imbriquer parfaitement dans le suivant, ce qui n’était définitivement pas le cas avec Whatever People Say I Am et surtout Favourite Worst Nightmare.
Piledriver Waltz, une pièce se retrouvant vers la fin de l’album et ayant été originalement écrite par Turner pour le film Submarine de Richard Ayoade, puis réarrangée pour Suck It and See, vaut également le détour, bien que la version originale reste, à mes yeux, nettement supérieure par sa construction plus audacieuse et originale, et ses arrangements offrant place à une variété d’instruments à cordes.
La pièce éponyme de l’album, Suck It and See, représente très bien l’album dont elle porte le nom : un mélange de rock contemporain et old school, sentimental et accrocheur, qui satisfait les attentes et qui s’écoute définitivement très bien dès la première écoute, mais qui s’épuise aussi très vite.
En effet, les Arctic Monkeys sont loin de s’en tirer sans fautes ici. Tout d’abord, l’audace dont faisait part Turner en terme d’écriture musicale semble décidément reliée aux oubliettes. Alors que le groupe était reconnu pour ses mélodies constamment changeantes, ses jeux de guitares et ses percussions survoltées, chaque pièce du nouvel album s’appuie sur un rythme constant, une suite d’accords rarement modifiée et une montée prévisible.
Où sont passées les breaks, les jeux de guitares et de batterie qui faisaient tant le charme des deux premiers albums? Il est d’autant plus frustrant d’écouter un album comme Suck It and See lorsqu’on a connu le travail du groupe sur leurs deux premiers albums. D’écouter un excellent drummer comme Matt Helder faire pratiquement le même rythme, en 4/4, pendant presque 45 minutes, c’est désolant.
Finalement, bien que certaines pièces sortent du lot et se démarquent, la plupart des morceaux restent loin d’être mémorables. Par exemple, Love Is A Lazerquest et All My Own Stunts, sont tout simplement ennuyantes, n’aboutissent pas et n’offrent rien de nouveau au son du groupe. Dans All My Own Stunts, Turner chante « put on your dancing shoes », en référence à la pièce Dancing Shoes du premier album du groupe. On aimerait bien, mais la motivation ne semble tout simplement plus y être.
Lorsqu’on parle de musique plus mature, on fait généralement référence à un projet plus abouti, généralement plus peaufiné. Malheureusement, dans le cas des Arctic Monkeys, c’est la naïveté, l’impulsivité dont ils faisaient part sur leurs deux premiers albums qui faisait tout leur charme. Avec Suck It and See, le groupe semble donc avoir concrétisé sa sonorité dans un mélange de pop et de rock, plus smooth et prévisible, plus accessible et moins survolté, mais à quel prix?
Vous n’avez pas compris le groupe…le titre est pourtant univoque. Il faut digérer la pilule humbug, en finir avec la nostalgie et les anciennes références. Dire qu’on attend mieux des monkeys et apprécier leur morceau ? c’est dire que l’on peut gagner en étant à un moindre niveau… L’élégance de la pochette tranche avec le crade premier album. Dans le 1, ils ne fumaient pas, dans le 4 ils fument comme des pompiers et pourtant le cendrier est resté, pour le premier CD. Bien, ce que je veux dire par là c’est que leur nonchalance est finalement une chance =) ils déstructurent les évidences, jettent au feu nos doléances et font tout pour rester dans la dance…quel cinéma ! allez juste une dernière séance avant les prochaines échéances :P On pourra dire tout ce qu’on voudra, ils envoient du rêve et pas qu’à la télé ;)
Julien , ton commentaire est amusant car assez confus :)