Flying Lotus
Cosmogramma

Warp
Pays
Note : 8.5/10

Bien qu’extrêmement difficile à pénétrer, la carapace du nouveau venu du Californien Flying Lotus, lorsqu’entrouverte, laisse découvrir un album à la croisée de presque tous les chemins possibles. Superbement bien ficelé avec des influences de jazz, de hip-hop, de dub, d’électronique et de rock, Cosmogramma nous propose une palette de son comme on en voit rarement. Avec 17 pistes, généralement entre une ou deux minutes chacune, le musicien s’attarde rarement longtemps sur une ambiance précise, nous faisant donc transporter partout en un temps record.

Introduction avec Clock Catcher et une décharge de sons électroniques hérités des premières consoles de jeux vidéo. Et, presque naturellement, tout cela se calme et laisse déposer la poussière nerveuse sur une mélodie de harpe tranquille, avec en fond des percussions qui vont et viennent. Et après 72 secondes, on passe à autre chose. Pickled se base sur une basse jazzy sur laquelle s’impose un son aiguë et des percussions tribales rugissantes. Nose Art, véritable joyau, reprend les percussions et la basse de la piste précédente pour en faire un suivi qui se fond sur une atmosphère presque spatiale, avant de décrocher sur une mélodie grave purement électronique et groovy.

Ce qui fait la force de l’album, c’est sa capacité à recycler chaque texture musicale pour l’incorporer dans la chanson suivante, créant ainsi une impression de déjà vu dans un emballage tout frais. On est donc en présence d’une oeuvre fortement unie, presque inaccessible en milieu de disque. Excepté …And The World Laugh With You, en collaboration avec Thom Yorke, Do the Astral Plane et la précédemment mentionnée Nose Art, les titres de Cosmogramma ne peuvent s’écouter sans le contexte musical qui les entoure. Do the Astral Plane base son rythme sur une alternance de percussions et sa mélodie sur un son électronique caoutchouc avec un peu de fuzz. Très difficile de ne pas avoir envie de danser.

Étant le neveu d’Alice Coltrane, Flying Lotus, de son vrai nom Steven Ellison, possède donc la fusion musicale directement dans son sang. C’est peut-être pourquoi il semble autant insister sur des mélanges musicaux parfois étranges, comme l’accouplement entre jazz et une exécution presque shoegaze sur Arkestry. Toujours en parfait contrôle de son laptop, Flying Lotus débarque encore une fois pour nous défoncer les oreilles et nous donner envie de bouger. Cosmogramma est donc le résultat très accompli d’un excellent architecte du son.

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