Victory Hall
The Dull’s Commando Merchandise

Total Heaven
France
Note : 5.5/10

La musique anglo-saxonne, en ces ères de mondialisation et d’internationalisation des cultures, existe désormais partout. Ou presque. Dans un coin reculé et isolé d’une région agraire de la Chine il est fort probable que, disons, Paul McCartney, les guitares électriques et la musique pop soient inconnus, tout comme en Corée du Nord. Mais autrement, la vente d’albums avec pochettes de plastique a pu se développer sur tous les continents, être distribuée à des centaines de différents peuples et faire profiter une poignée de marchands industriels, principalement anglo-saxons.

La culture, dans ce nouveau marché grouillant d’un néo-libéralisme où la monnaie bancaire constitue à la fois le fer de lance et la fondation institutionnelle, n’est plus qu’un simple produit comme les autres, malléable, commercialisable, exploitable et distribuable, ce qui peut, à long terme, finir par affaiblir complètement le concept de nationalisme et les États qui en découle.

Pourquoi cette introduction socialiste à saveur marxiste et pro-nationale? Il n’y a rien de mal, au contraire, au mélange des identités. Le partage des connaissances et des concepts entre des groupes d’individus, communément appelé nation ou peuple, constitue en soi une excellente chose permettant l’avancement des idées et le progrès de la civilisation. Seulement, parfois, et c’est particulièrement le cas avec la culture anglo-saxonne, la notion artistique finit par se perdre dans un melting pot de concepts de commercialisation et la base même de l’identité culturelle désignée par la vertu nationale disparaît avec l’intégration d’une trop grande quantité de jus de tomate Campbell à la soupe populaire de la majorité ethno-culturelle.

Bon d’accord. Je me suis emporté. Cette introduction n’a pas grand chose à voir avec ce disque de Victory Hall, The Dull’s Commando Merchandise, si ce n’est que ceux-ci font définitivement de la musique purement anglo-saxonne. Une espèce de concoction post-Beatles, définitivement pop avec une petite touche de rock par moments. Et ce n’est pas parce qu’ils sont Français que j’ai donné cette note ; il s’agit plutôt d’un constat qui, selon moi, relève quelque peu du manque de créativité des membres du groupe.

Avec les instruments traditionnels pour le pop-rock, c’est-à-dire guitare électrique, basse électrique, batterie et synthétiseurs années 60-70 et des structures de chansons assez traditionnelles malgré quelques petits passages moins communs, The Dull’s Commando Merchandise ne réinvente pas la roue. Il ne réinvente pas non plus le feu, l’agriculture ou la Vis d’Archimède. Même que le groupe n’invente pas grand chose, ce qui demeure son principal défaut.

Niveau divertissement, la bande livre la marchandise. 16 chansons souvent plutôt courtes, diversité sur le disque au niveau des rythmes et des mélodies, solos, passages instrumentaux bref, on y retrouve d’à peu près tout grâce à cette quantité de pistes. Malheureusement, comparé au reste du bouillon musical mondial, Victory Hall ne se distingue pas. On pourrait les qualifier d’«encore un autre groupe pop anglo-saxon» sans problème tant tout cela se fond dans la masse.

Par contre, on ne peut pas nier leur talent d’écriture musicale. Les mélodies sont finement aiguisées, les arrangements bien cadrés et les solos de bon goût. Le potentiel est là, simplement il semble être mal utilisé. Sans pour autant être dull, cet album de Victory Hall demeure profondément remplaçable dans le paysage musical pop anglo-saxon mondial. Enfin, le groupe demeure à surveiller et pourrait, espérons, causer une petite surprise dans l’avenir.

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